PER ou assurance vie : quel contrat choisir ?

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Par Pierre Payan

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PER ou assurance vie ?

Le Plan Épargne Retraite (PER) est l’outil incontournable pour anticiper votre retraite tout en minimisant votre pression fiscale. 

De plus en plus plébiscité, il répond parfaitement aux nouvelles préoccupations liées aux réformes successives sur la retraite.

Pourtant, l’assurance-vie demeure le placement favori des Français, et ce n’est pas un hasard. 

Adaptée à tous les profils d’investisseurs, elle offre une souplesse inégalée, devenant ainsi un pilier essentiel dans la construction patrimoniale.

Afin d’anticiper la fin de votre carrière professionnelle, vous vous demandez peut-être quelle est la meilleure option à choisir. 

Suivre la tendance avec le PER ou opter pour la flexibilité de l’assurance-vie ? 

Et si le choix n’était pas entre les deux, mais plutôt sur la combinaison optimale de ces deux contrats ?

Nous vous exposons dans cet article les grandes caractéristiques de ces deux dispositifs et quel contrat choisir selon vos objectifs.

Quels sont les points communs entre les deux contrats ?

Le Plan Epargne retraite et l’assurance-vie présentent de nombreuses similitudes.

  • Des versements libres 

PER ou assurance-vie, ces deux contrats ne vous imposent aucune contrainte dans le montant ou la périodicité de vos versements et n’ont aucun plafond.  

Vous pouvez alors choisir d’alimenter votre plan ou assurance-vie de manière régulière ou ponctuelle. 

La flexibilité de ces contrats vous permet également d’adapter le montant de vos versements en fonction des éventuelles fluctuations de vos revenus, notamment si vous êtes travailleur non salarié (TNS).

  • Des contrats accessibles à tous… ou presque

Ces contrats offrent une grande liberté en ce qu’ils sont accessibles à tous, et peuvent être souscrits par le plus grand nombre : 

  • Salariés, 
  • Travailleurs indépendants, 
  • Retraités
  • Non résidents
  •  … 

Depuis le 1er janvier 2024, une distinction notable doit quand même être signalée.

Contrairement à l’assurance-vie, vous ne pouvez plus ouvrir de PER pour vos enfants mineurs !

  • Des modalités de sortie similaires

En introduisant le PER, la loi Pacte a créé le premier contrat d’épargne retraite permettant la sortie 100% en capital. 

Jusque-là, seule l’assurance-vie vous permettait d’accéder à cette finalité.

Désormais, PER et assurance-vie vous offrent tous deux la possibilité de sortir en rente ou en capital !

  • Des bénéficiaires à désigner

Enfin, ces deux contrats vous offrent la possibilité de désigner un ou plusieurs bénéficiaires afin d’anticiper et d’optimiser la transmission de votre patrimoine. 

L’objectif initial du PER est de vous constituer des revenus complémentaires pour la retraite, cependant, si vous décédez avant la liquidation de votre contrat, le capital peut-être transmis, de la même manière, que pour un contrat d’assurance-vie.

A noter : la rédaction de la clause bénéficiaire ne doit pas être prise à la légère. Elle peut avoir de lourdes conséquences lors de la succession. 

Quels sont les objectifs d’un PER et d’une assurance-vie ?

Le Plan Epargne Retraite vise, comme son nom l’indique, à préparer votre retraite et vous constituer des revenus complémentaires en vue de l’arrêt de votre activité professionnelle. 

En réalisant des versements bloqués durant votre vie active, vous bénéficiez lors de la liquidation de vos droits, d’un capital ou d’une rente selon vos préférences.

L’atout de ce plan réside dans la possibilité de déduire les versements réalisés de votre revenu imposable. 

Le PER satisfait alors un double objectif bien défini : préparer votre retraite tout en optimisant votre impôt sur le revenu.

L’assurance-vie, quant à elle, n’a pas une finalité particulière, mais vous offre une fois de plus une grande liberté dans la destination du capital constitué. 

Anticiper la transmission civile et fiscale de votre patrimoine, dynamiser votre épargne, préparer votre retraite, financer les études ou le projet de vie de vos enfants … 

Elle répond à autant d’objectifs que vous souhaitez lui en allouer !

PER ou assurance-vie, votre choix doit donc se faire en fonction de vos objectifs. 

Vous pouvez également cumuler ces deux contrats afin de satisfaire la totalité de vos besoins : souscrire un PER pour préparer votre retraite, et une assurance-vie pour vos autres projets. 

A noter : pour profiter pleinement des avantages des deux contrats, n’hésitez pas à réaliser un bilan patrimonial, qui pourra vous aiguiller sur votre situation actuelle et répondre à l’ensemble de vos objectifs.

Quel contrat est le plus liquide ?

Le Plan Epargne Retraite a vocation à préparer l’arrêt de votre activité professionnelle et la perte de revenus à venir. 

En principe, la récupération de votre capital n’a lieu uniquement que lors de votre départ à la retraite.

Cependant, certains cas de sortie anticipée sont prévus, notamment pour vous permettre de faire face à de potentiels imprévus de la vie (décès du conjoint ou du partenaire de PACS, chômage, invalidité, liquidation judiciaire, surendettement, acquisition de la résidence principale).

Il n’en demeure pas moins que l’épargne constituée reste bien souvent bloquée pendant toute la durée de capitalisation et jusqu’à la liquidation de vos droits retraite.

L’assurance-vie, elle, est beaucoup plus flexible. 

Contrairement à ce que l’on entend souvent, les fonds ne sont pas bloqués pendant 8 ans. Vous bénéficiez juste d’une fiscalité plus avantageuse pour un rachat réalisé après 8 ans.

Ce contrat vous offre donc une totale liberté sur les rachats que vous souhaitez effectuer. 

Quelle est la fiscalité appliquée lors de la clôture ?

La fiscalité de l’assurance-vie et la fiscalité du PER diffèrent lors de la clôture du contrat.

Voici un tableau récapitulatif pour bien voir les différences :

PER Assurance-vie
Versements déduits à l’entrée Versements non déduits à l’entrée
Sortie en rente Sur le montant total de la rente : IR après abattement de 10 %, plafonné à 4 321 € pour les revenus de 2023 déclarés en 2024. Sur une fraction de la rente :​ 17,2 % de prélèvements sociaux sur une fraction de la rente selon l’âge du titulaire au jour de l’entrée en jouissance de la rente (40 % si le titulaire a entre 60 et 69 ans au jour de l’entrée en jouissance de la rente) Sur une fraction de la rente :​ IR et 17,2 % de prélèvements sociaux sur une fraction de la rente selon l’âge du titulaire au jour de l’entrée en jouissance de la rente (40 % si le titulaire a entre 60 et 69 ans au jour de l’entrée en jouissance de la rente) Sur une fraction de la rente :​ IR et 17,2 % de prélèvements sociaux sur une fraction de la rente selon l’âge du titulaire au jour de l’entrée en jouissance de la rente (40 % si le titulaire a entre 60 et 69 ans au jour de l’entrée en jouissance de la rente)
Sortie en capital Sur le total des versements (cumul des primes) : IR (avec application éventuelle du système du quotient) sans abattement de 10 % mais pas de prélèvements sociaux​ Sur les gains issus des versements (intérêts) : PFU ou IR sur option globale + 17,2 % de prélèvements sociaux Sur le total des versements (cumul des primes) : Exonéré d’IR​ et de prélèvements sociaux Sur les gains issus des versements (intérêts) : PFU ou IR sur option globale + 17,2 % de prélèvements sociaux Sur le total des versements : pas d’imposition Sur les gains issus de versements (intérêts) : Selon les dates de versements taxation au PFL, PFU ou barème progressif + 17.2% de prélèvements sociaux

Quelle est la fiscalité appliquée lors de la succession ?

Voici maintenant le tableau récapitulatif de la fiscalité applicable en cas de décès. 

PER (assurance) Assurance-vie
Taxation au titre de la transmission par décès Décès avant 70 ans :
  • Base imposable : Dernière prime annuelle (OU en cas de décès après l’arrivée de l’âge de la retraite : valeur acquise au décès, brute de prélèvements sociaux)
  • Taxable à l’article 990 I du CGI : abattement de 152 500 € puis taxation à 20 % jusqu’à 700 000 € puis taxation à 31,25 % (sauf exonération)
Décès après 70 ans :
  • Base imposable : Valeur acquise au décès (brute de prélèvements sociaux)
  • Taxable à l’article 757 B du CGI : abattement de 30 500 € commun avec l’assurance-vie, puis taxation aux droits de succession (sauf exonération)
Primes versées avant 70 ans :
  • Base imposable : Valeur acquise au décès (nette de prélèvements sociaux)
  • Taxable à l’article 990 I du CGI : abattement de 152 500 € puis taxation à 20 % jusqu’à 700 000 € puis taxation à 31,25 % (sauf exonération)
Primes versées après 70 ans :
  • Base imposable : primes versée sur le contrat après 70 ans
  • Taxable à l’article 757 B du CGI : abattement de 30 500 € commun avec l’assurance-vie, puis taxation aux droits de succession (sauf exonération)
Taxation des intérêts latents suite au décès Intérêts latents non taxables à l’IR et aux prélèvements sociaux Intérêts latents taxables aux prélèvements sociaux au moment du décès

A noter : comme vous pouvez le voir dans ce tableau, le PER est un bon outil de transmission si le décès survient avant 70 ans. 

Il convient de préciser qu’il existe deux types de PER : 

  • le PER assurance qui prend la forme d’un contrat d’assurance et qui, au décès, est hors succession. 
  • le PER compte-titres qui s’apparente à un compte-titres et intègre la succession du souscripteur en cas de décès. 

Dans le tableau ci-dessus, nous ne traitons que du PER assurance. 

Le PER comptes-titres n’est pas abordé, car il ne possède aucun avantage successoral. 

Une question peut cependant se poser dans l’hypothèse où vous détenez déjà un PER : 

  • Faut-il conserver son PER à la retraite pour le transmettre aux bénéficiaires ?
  • Faut-il plutôt envisager un rachat pour réinvestir les sommes dans un contrat d’assurance-vie ? 

Cette question se pose si n’avez pas besoin de revenu complémentaire à la retraite et que vous souhaitez optimiser la transmission de votre patrimoine. 

Nous allons prendre 2 hypothèses : 

  • Hypothèse n°1 : Le PER est liquidé avant les 70 ans de M. Dupont et réinvesti en totalité sur une assurance-vie
  • Hypothèse n°2 : M. Dupont conserve sont PER jusqu’au bout. 

Vous verrez ainsi quelle est la solution la plus avantageuse dans l’hypothèse d’une simple transmission.

Solution 1 : liquidation du PER pour réinvestir les fonds sur un contrat d’assurance-vie Solution 2 : conservation du PER
Pendant la vie de M. Dupont
Versement sur PER 100 000 € 100 000 €
Liquidation du PER
Fiscalité sur les primes 30 000 €
Fiscalité sur les intérêts 10 320 €
Fiscalité de sortie totale 40 320 €
Réinvestissement sur assurance-vie
Versement sur assurance-vie (frais d’entrée 1%) 93 140 €
Décès de M. Dupont
Valeur du contrat (3%/an) 118 000 € 180 600 €
Fiscalité de décès
Fiscalité sur les prélèvements sociaux 4 276 € Pas de taxation
Hypothèse 1 : bénéficiaire le conjoint ou partenaire de PACS
Règles d’imposition Exonération Exonération
Fonds transmis 113 724 € 180 600 €
Hypothèse 2 : bénéficiaire son fils
Règles d’imposition Abattement de 152 500 € par bénéficiaire, puis taxation à 20% Abattement de 30 500 € pour tous les bénéficiaires, puis taxation aux droits de succession
Si abattement non consommé
Montant taxable 0 € 150 100 €
Fiscalité 0 € 30 020 €
Fonds transmis 113 724 € 150 580 €
Si abattement consommé
Montant taxable 113 724 € 180 600 €
Fiscalité 22 745 € 36 120 €
Fonds transmis 90 979 € 144 480 €

A noter : il peut être intéressant de conserver votre PER dans plusieurs cas de figure : 

  • Si la personne que vous souhaitez désigner comme bénéficiaire est votre conjoint ou partenaire de PACS ; 
  • Dans notre exemple, vous constatez que le PER est gagnant dans l’ensemble des situations. Cependant, cet exemple est à relativiser, le résultat final (hors bénéficiaire conjoint) dépend de multiples facteurs qui ne sont pas tous maîtrisés à l’avance (fiscalité des revenus, lien de parenté entre assuré et bénéficiaire, montant de patrimoine total, fiscalité à la succession, abattements, etc.     ). 

A l’inverse, l’assurance bénéficie d’une fiscalité avant 70 ans avantageuse et surtout prévisible. Vous pouvez donc visualiser et vous projeter dans une stratégie patrimoniale beaucoup plus sereinement. 

De plus, sachez que sur certains PER, vous avez la possibilité de coupler les deux stratégies : obtenir des revenus complémentaires et transmettre le patrimoine. 

En effet, certains contrats autorisent les rachats fractionnés sur le capital sans liquider l’intégralité du contrat. 

Il faut cependant vérifier dans les conditions générales ce que prévoit votre contrat. 

Comparatif entre une assurance-vie et un PER

M. Dupont souhaite développer son patrimoine tout en diminuant sa fiscalité. 

Sa tranche marginale d’imposition (TMI) est de 30%. 

Il souhaite investir 200 €/mois sur les 20 prochaines années. 

  • En souscrivant une assurance-vie : M. Dupont verse uniquement 200 € tous les mois ; 
  • En souscrivant un plan épargne retraite (PER) : M. Dupont peut verser une somme plus importante sur son contrat à iso budget ! En effet, comme le PER permet de déduire les versements réalisés de son revenu imposable, M. Dupont a la possibilité de réinvestir le gain fiscal sur son contrat. 

Pour un effort de 200 € par mois, voici le montant que M. Dupont pourrait réellement investir sur son contrat à périmètre égal, en fonction de sa TMI : 

TMI Versements Gain fiscal Effort d’épargne mensuel
30% 285 € 85 € 200 €
41% 339 € 139 € 200 €
45% 363 € 163 € 200 €

Pour un effort d’épargne identique, M. Dupont peut verser plus sur un PER que sur une assurance-vie et donc capitaliser sur une base plus importante.

Dans l’hypothèse d’un rendement à 3% et une TMI à 30%, M. Dupont peut espérer les montants suivants :

Assurance-vie Plan Epargne Retraite
Primes versées 48 000 € 68 400 €
Plus-value générée 17 414 € 24 815 €
Valeur du contrat brute après 20 ans 64 831 € 87 148 €

Le PER se démarque donc du point de vue de la capitalisation financière, car l’assiette de départ à décaissement identique n’est pas la même.

Cependant, ce n’est pas le seul facteur à prendre en compte, la fiscalité à la sortie est un élément primordial dans cette comparaison. 

Au moment de la retraite, M. Dupont a besoin de revenus complémentaires. 

Il va donc réaliser des rachats sur ses contrats. 

Sa tranche marginale d’imposition reste à 30% à la retraite. 

La fiscalité à la sortie du PER est pénalisante et va inexorablement diminuer le gain acquis. 

Sur le PER, les versements et les intérêts sont taxés au moment du rachat. 

A l’inverse, l’assurance-vie bénéficie d’une fiscalité de sortie extrêmement avantageuse. 

Seuls les intérêts sont taxés et il est possible de bénéficier d’abattement dès lors que le contrat a plus de 8 ans. 

Si nous reprenons l’exemple de M. Dupont : 

Sortie du contrat d’assurance-vie Sortie du PER
Taxation sur les versements effectués IR : 20 520
Taxation sur les intérêts IR : 1 051 € PS : 2 995 € Total : 4 046 € IR : 3 176 € PS : 4 268 € Total : 7 444 €
Fiscalité due à la sortie des contrats 4 046 27 964 €

Ainsi post fiscalité, voici le capital net que peut récupérer M. Dupont :

Assurance-vie Plan Epargne Retraite
Primes versées 48 000 € 68 400 €
Plus-value 17 414 € 24 815 €
Valeur du contrat brute 64 831 € 87 148 €
Valeur du contrat nette de fiscalité (TMI 30%) 60 785 € 59 184 €

Dans notre exemple, l’assurance-vie l’emporte de peu. 

Mais il faut bien comprendre que M. Dupont est un cas parmi tant d’autres ; selon votre TMI lors des versements, mais aussi au moment du rachat, le capital que vous pouvez récupérer sur le PER varie fortement. 

Pour exposer cette différence, voici ce que pourrait récupérer M. Dupont s’il avait été à une TMI à 11% au moment de la retraite. 

Assurance-vie Plan Epargne Retraite
Primes versées 48 000 € 68 400 €
Plus-value 17 414 € 24 815 €
Valeur du contrat brute 64 831 € 87 148 €
Valeur du contrat nette de fiscalité (TMI 11%) 60 932 € 72 179 €

A noter : sur le PER, la sortie totale en capital peut entraîner une augmentation de votre tranche marginale d’imposition. Il est alors préférable, si votre contrat le permet, d’effectuer des rachats fractionnés. Cette solution permet de lisser la fiscalité sur plusieurs années et donc d’éviter le risque d’augmentation de tranche. Mais en plus, votre contrat continue de capitaliser. C’est donc un double gain ! 

Pour conclure, ces deux contrats possèdent leurs propres avantages. 

Vous l’aurez compris, PER ou assurance-vie, il n’est pas nécessaire de choisir ! 

Au contraire, il peut être judicieux d’allier ces deux contrats pour satisfaire vos objectifs et bénéficier des avantages de chacun. 

Chaque situation est différente, nous vous invitons donc à prendre contact avec l’un de nos experts patrimoniaux afin d’intégrer au mieux ces contrats dans votre stratégie patrimoniale globale.